Lady Marlène est une chanson écrite et composée par Daniel Balavoine en 1977 pour l'album Les aventures de Simon et Gunther. Il s'agit d'un album-concept qui a pour cadre le mur de Berlin. Balavoine y chante l'histoire de deux frères qui vivent en Allemagne à l'époque du mur de Berlin. Ils se sont donnés rendez-vous le 13 août 1961, rue Bernauer, au moment et à l'endroit où est édifié le premier pan du mur. Séparés par cette frontière, tous les deux établissent une correspondance. Le disque se clôt sur la mort de Simon, abattu alors qu'il tente de franchir le mur.
Le morceau "Lady Marlène" parle de l'échec de l'évasion et de la destruction du rêve de quitter la partie Est de Berlin.
Construction du mur par l'armée est-allemande.
L’Allemagne demeure un point de crispation durant toute la guerre froide.
A l'issue de la seconde guerre mondiale, conformément aux dispositions prises lors des conférences de Yalta et Potsdam, les vainqueurs occupent l'Allemagne nazie vaincue. Le pays se trouve découpé en quatre zones: une zone soviétique à l'est, des zones américaine, britannique et française à l'ouest. Berlin, capitale de l'ancien Reich, qui se trouve en zone soviétique, est divisée, elle aussi en quatre zones. Cette situation ne doit être théoriquement que provisoire. Le pays doit retrouver son unité une fois la dénazification menée à bien.
La constitution progressive des blocs et les tensions accrues entre l'URSS et les Etats-Unis changent la donne. De juin 1948 à mai 1949, Staline décide le blocus terrestre de Berlin afin de couper les communications entre les zones occidentales de l'Allemagne et Berlin ouest. Il conteste la décision des Occidentaux d'introduire une nouvelle monnaie, le Deuscthe Mark, à Berlin. En fait, il s'agit d'un prétexte, car le dirigeant soviétique ne peut tolérer la constitution d'une enclave occidentale dans la zone soviétique. Si son plan réussit, ce serait ainsi l'occasion d'intégrer l'ensemble de la ville à la RDA. Mais le général Clay, commandant en chef des forces américaines en Allemagne, organise un pont aérien afin de ravitailler les Berlinois de l'ouest, en contournant le blocus. Le 12 mai 1949 (après 45 semaines) Staline, constatant son échec, lève le blocus. Le 15 mai apparaît la République Fédérale d'Allemagne (RFA), régime démocratique pro-occidental. En réponse, la République Démocratique Allemande (RDA) voit le jour en octobre 1949. Il s'agit d'une nouvelle démocratie populaire aux mains du parti communiste allemand (SED).
Très vite, un grave problème se pose pour le parti au pouvoir (le parti socialiste unifié, SED). De très nombreux individus quittent la RDA en passant par Berlin ouest (3,5 millions d'est-allemands selon les spécialistes entre 1945 et 1961). Cette terrible hémorragie menace bientôt l'existence même de l'Allemagne de l'Est.
Le régime reste en effet très impopulaire comme le prouvent les émeutes qui éclatent à Berlin-Est en juin 1953. Le SED vient de décider l'augmentation des normes de production, accompagnée d'une baisse de salaire. Très vite, la protestation ouvrière devient politique puisque les manifestants réclament la tenue d'élections libres. Aussitôt, la police est-allemande et les chars soviétiques interviennent violemment. On compte une centaine de morts. A Moscou, on redoute la perte de cet avant-poste du bloc sovialiste et une contagion dans l'ensemble des pays de l'est. Aussi, dès les années 1950, le SED réfléchit aux moyens de combler "la brèche" berlinoise.
Le constat est rude pour le SED qui se rend compte qu'il reste minoritaire dans le pays et ne doit sa survie qu'à l'aide soviétique. Dans un entretien accordé au magazine l'histoire, Etienne François revient sur les conséquences de cette révolte:
"Se met en place un accord tacite entre le régime et la population qu'on pourrait résumer en ces termes: "on vous laisse gouverner parce qu'on n'a pas le choix, mais assurez-nous en échange une réelle amélioration des conditions de vie pour que nous soyons les mieux nourris, les mieux logés du bloc socialiste. Sinon, on s'en va."La puissance coercitive du régime est suffisamment grande pour que la marche forcée vers le socialisme se poursuive après 1953. Mais ceux qui migrent deviennent trop nombreux. Dans la course de vitesse entre la construction d'une nouvelle société socialiste et la désaffection de la population, le parti sent qu'il est en train de perdre. C'est pour cela qu'il décide d'édifier le mur de Berlin en août 1961. Une décision imposée par les dirigeants de la RDA aux Soviétiques."
Walter Ulbricht, l'homme fort de la RDA insiste auprès de Nikita Khrouchtchev, dont il doit attendre le feu vert avant d'engager quoi que ce soit. Monsier K hésite. Il redoute que cette construction ne soit interprétée comme un aveu de faiblesse et une défaite idéologique.
Finalement, il donne son aval aux autorités est-allemandes (vraisemblablement au début du mois de juillet 1961). L'érection d'un tel mur nécessitait une longue préparation. Les matériaux nécessaires à la construction sont ainsi rassemblés au cours des semaines précédent le 12 août. Erich Honecker, futur dirigeant de la RDA, se voit confier cette mission délicate.
Maçon est-allemand en train de travailler à la construction séparant les deux secteurs de Berlin (août 1961). |
Le 13 août 1961, vers 2heures du matin, les autorités commencent à édifier le Mur. L'information ne semble pas avoir filtré à l'ouest. La plupart des Berlinois, quant à eux, ne le découvrent qu'au matin. Le « mur de Berlin » coupe la ville en deux sur une longueur de 43 km, tandis qu'il couvrait 112 km en dehors (soit une longueur totale du Mur de 155 km autour de Berlin-Ouest). La plupart des points de passage entre secteurs furent murés.
Checkpoint Charlie: un des rares (8 en tout) points de passage entre les deux parties de la ville.
Il fallut aussi réorganiser, de part et d'autre du mur, la distribution d'eau, d'électricité, de gaz. L'édifice, quant à lui, ne cessa de changer d'apparence. Au matin du 13 août, il ne s'agissait pas encore vraiment d'un mur, mais de fils de fer barbelés. Jusqu'en 1963, il a l'aspect d'une structure sommaire de parpaings creux. Bientôt, les autorités de la RDA dotent le mur d'un rempart de béton, de miradors et de bunkers. Si le Mur matérialise vraiment l’opposition des 2 camps, il sépare parfois aussi des familles.
Le Mur n'était pas infranchissable. Pour autant, les risques encourus restaient extrêmement forts dans la mesure où les garde-frontières avaient ordre de tirer sur tous ceux qui tentaient de franchir l'obstacle. D'après des études récentes, 136 personnes auraient trouvé la mort en tentant de franchir le Mur. Certaines tentatives d'évasion furent néanmoins couronnées de succès. Par exemple, en octobre 1964, 57 personnes parviennent à rejoindre la partie occidentale de la ville en empruntant un tunnel creusé de leurs mains. En 1979, deux familles s'échappent en montgolfière.
Le 17 août 1962, Peter Fechter, âgé de 18 ans, est abattu par les gardes-frontière alors qu'il tente de franchir le Mur pour rejoindre Berlin-Ouest. Il agonise durant 45 minutes devant les caméras de télévision. En 1999, le Sénat de Berlin a inauguré un monument à sa mémoire.Une stèle d'acier porte la mention suivante: " Il ne voulait que la liberté".
Cette victoire soviétique apparente (les Occidentaux ne peuvent que constater) est en fait un aveu d’impuissance et une désastreuse contre-publicité. Son coût politique se révèlera très lourd (chute de Khrouchtchev en 1964, départs de nombreux militants communistes en Allemagne de l’Ouest).
En vertu des logiques de la coexistence pacifique, les Occidentaux laissent faire et se contentent de protester à l'instar du président américain John Fitzgerald Kennedy, qui se rend à Berlin en juin 1963 pour s'écrier devant le mur:” ich bin ein Berliner!”, affirmant ainsi avec éclat, la solidarité occidentale avec Berlin-Ouest. Pendant 28 ans, 2 mois et 27 jours, le mur symbolise la division du monde en deux blocs antagonistes jusqu'à sa destruction le 9 novembre 1989.
Daniel Balavoine Lady Marlene
par gerald_w-a
Daniel Balavoine: "Lady Marlene" (1977).
Près du mur
Assis sur le côté
Ma tête dure
Rampait encore
Au pavé lustré
Je le savais
J'arriverais
Mes chaussures
Me faisaient mal aux pieds
Mes mains si sûres
Creusaient encore
Vers la liberté
Quand ils ont tiré
Sur mes idées
Lady Marlène
Toi tu t'endors de l'autre côté
Lady Marlène
A Berlin tu sais rien n'a changé
C'est bien difficile de s'évader
Les hommes en vert ont ...
Près du mur
Vide sur le côté
Ma rage mûre
S'est effondrée
Au bord du fossé
Je la savais
J'y resterais
Lady Marlène
Toi tu t'endors de l'autre côté
Lady Marlène
A Berlin tu sais rien n'a changé
C'est trop difficile de s'évader
Les hommes en vert ont tiré
Sources:
- Entretien avec Etienne François: "la RDA a-t-elle vraiment existé?", in L'Histoire n°346, octobre 2009.
- Edgar Wolfrum: "Sept questions sur un mur", in L'Histoire n°346, octobre 2009.
Liens:
- Sur le blog de J.C. Diedrich: "Celui qui a sauté par dessus le mur".
- Un portrait du chanteur sur ce blog, avec notamment des éclairages sur l'enregistrement de l'album de Balavoine, à Berlin.
- Sur le site d'Arte: "le mur raconté par les Berlinois" ou encore "RDA le mur des sons". Le blog "ma vie en 89".
- le discours de JFK en video.
- Le mémorial de Caen consacre un dossier complet au mur de Berlin.
- Animation sur la mise en place du mur.
- Site consacré au Mur (nombreuses cartes).
- Photos autour du mur.
source : http://imgur.com, http://lhistgeobox.blogspot.com, http://tribunnews.com
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